Dans les bas-fonds de la peur et de l’écrasement,
les otages se confondent dans la masse des confinés.
Aux arrêts pour faute de crime, isolés, dans l’espoir
de voir des jours meilleurs percer le masque du spectre douteux,
ils subissent l’injustice salvatrice d’une protection sans solutions.
Conservés, reclus et effondrés, l’espoir, au compte-gouttes,
sera attribué aux marinés, assaisonné d’incertitudes
et d’appréhensions justifiées.
En détention, attisés par l’abstinence de réalisation,
les protégés demeureront à l’écart de leur quotidien afin
de les préserver de la fortune de leur imprudence.
La trotteuse battra la mesure d’une attente interminable.
Les cent pas s’exposant en lassitude aliénante.
L’ennui fera affront à une panique alimentée par les vapeurs de l’inconnu.
Les promesses chuchotées dans la timidité de l’inexpérience
s’estomperont avant d’atteindre l’oreille des assiégés.
Un plan défaillant sera tracé dans un sable délié,
asséché par le tumulte d’une atmosphère hérissée.
Une permission pressée d’une incontournable récidive
ou d’une nouvelle invasion, sera accordée aux ankylosés.
L’interdiction levée, les libérés intimidés, lacets liés,
devront s’adapter à une nouvelle réalité, extraite
d’une fresque si familière, calquée de surréalisme.
La patience ayant alourdi l’enthousiasme des déconfinés.
Une fête distante, sans étreintes et aux sourires masqués
retentira tout de même du soupir de soulagement du monde entier.
Une confiance méfiante, mais empreinte de liberté
gagnera peu à peu en galons des territoires malmenés
sur l’échiquier d’une partie encore inachevée.
Écrit par Etienne Minier
mai 2020
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