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L'envahisseur symbiotique

Attachés à un monde virtuel où les actions virales

suscitent le soulèvement de nations aveuglées,

nos âmes subjuguées, complètement déconnectées,

naviguant à la vitesse de la pensée,

errent de manière totalement désintéressée,

sans même s’alarmer du danger de perdre pieds…

Rien n’est assez attrayant pour nous faire lâcher prise

de cette suffisance appliquée… simulée.

Alors que notre conscience s’essouffle dans l’abîme

de réseaux fantastiques métaphysiques,

défilant jusqu’à l’évanouissement,

notre quête de connaissance et de divertissement

apaise péniblement la désolation des tourments

qui nous tenaillent intérieurement.

L’entité invisible s’insinue abstraitement

dans le concret de nos réalités.

Paniqués, un mal inconnu et déstabilisant prend vie en nous :

ailé par notre désir de cultiver notre fuite.

Accrochés à nos minuscules fenêtres,

trop petites pour être salvatrices.

Portés par le désir aliénant de ne rien rater

et ébahis par l’infini on finit par tout manquer…

Ce qui a civilisé notre humanité s’en trouve érodé.

Tel un impitoyable et sournois avertissement,

il a émergé, s’est incrusté et s’est approprié.

De notre besoin de souffler, de prendre une pause

de ce quotidien effréné, devenu notre réalité,

nous lui avons offert, sur des carlingues argentées,

une panoplie de contrées à convoiter.

Pris au dépourvu, les philosophes de l’absurdité

et les mages de l’inconscience seront proclamés

coupables de leur imprudence, alors que

de réels innocents devront lutter pour leur répit,

suppliant les braves ignorants de bien vouloir

les épargner de leur orgueilleuse témérité.

La planète semble vouloir reprendre des droits

qu’elle ne nous avait guère octroyés.

La nature veut-elle nous faire payer

notre gourmandise et notre manque d’humilité ?

La peur faisant ressortir ce qu’il y a de moins bon en nous…

bien qu’elle eût été un outil considérable de notre

évolution, nous permettant de nous soulever,

nécessite un encadrement affûté, afin d’éviter

de voir notre civisme et notre moralité s’échouer.

Quand l’individualisme encadré est en perdition

face une solitude indéterminée, les acquis

se redéfinissent en valeurs rudoyées.

Dans la magnificence de notre supériorité,

il est triste de constater qu’à actions superposées,

la comparaison avec cet envahisseur effronté

nécessite un plaidoyer justifié.

Dans l’espoir de ne pas s’être fait damer le pion

par un virus qui ne saurait nullement faire la différence entre le fou et le roi,

notre salue réside dans notre capacité à raisonner… à nous adapter…

à nous montrer plus intelligents que lui…

dans l’unité, l’entraide et le respect d’autrui.

Écrit par Etienne Minier,

mars 2020

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