thunderstorm-5096280_1920 - Albrecht Fietz de Pixabay

Délivrance

L’arc-en-ciel, basculant dans l’horizon, perd de son éclat,

alors que l’aube d’une saison nouvelle et radieuse

s’impose sur une grisaille qui recouvrait précédemment,

de manière individuelle, les pèlerins barricadés.

Dans l’air, un fumet de possibilités émane des vestiges

laissés par une tempête que personne n’avait vu accoster.

Elle aura perduré des mois, de son calme déloyal,

de sa présence fantomatique, de son pas sourd

et de son souffle faucheur, vaguement aléatoire.

Le soulagement et le ravissement ne suffiront point à éradiquer

d’un seul coup ces craintes incrustées à notre raison.

Toutefois, l’exaltation de regagner ces privilèges perdus

dans le chavirement, que tous croyaient acquis,

soulève une joie de vivre inespérée qui fut jadis

ensevelie sous la ferraille de la cassure du temps.

Les affranchis se dévêtent nerveusement de leur méfiance

et sortent des délimitations permises, redécouvrant le sens de la délivrance.

La distance réduite des proches éloignés

réchauffe les cœurs brisés des délaissés, principaux visés.

De leur besoin d’aimer, ils auront été privés pour les préserver.

Les réunions distantes humecteront les joues d’un bonheur retracé

et la proximité suffira à égayer les rescapés fraîchement délivrés.

De cette épreuve, la domination inégalée de l’humanité

aura été fortement et justement ébranlée, par un envahisseur

que la nature nous aura envoyé pour nous rappeler

que bien que nous ayons nous-mêmes pris place

sur le trône de la suprématie, notre rôle s’en tient toujours

à celui d’inviter et que d’un claquement de doigts,

elle peut nous évincer.

C’est dans la paix, la reconnaissance et dans notre

besoin de sociabiliser que notre conscience se caractérise.

Le secret de notre bonheur et de notre salut

réside en notre capacité à vivre en harmonie avec

le monde qui nous entoure et nos semblables.

Le paradis n’est nul autre que le partage de moments

agréables, entouré des gens qu’on chérit.

La gratitude qui s’en suit noue la boucle de l’appréciation,

menant, au quotidien, à l’éveil de l’âme, sensible aux

échos du chant de l’allégresse et de l’alternative

de vivre une vie saine et harmonieuse.

Un présent gouverné par l’épanouissement,

fondé sur le respect de la vie.

Écrit par Etienne Minier

mai 2020

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