
Délivrance
L’arc-en-ciel, basculant dans l’horizon, perd de son éclat,
alors que l’aube d’une saison nouvelle et radieuse
s’impose sur une grisaille qui recouvrait précédemment,
de manière individuelle, les pèlerins barricadés.
Dans l’air, un fumet de possibilités émane des vestiges
laissés par une tempête que personne n’avait vu accoster.
Elle aura perduré des mois, de son calme déloyal,
de sa présence fantomatique, de son pas sourd
et de son souffle faucheur, vaguement aléatoire.
Le soulagement et le ravissement ne suffiront point à éradiquer
d’un seul coup ces craintes incrustées à notre raison.
Toutefois, l’exaltation de regagner ces privilèges perdus
dans le chavirement, que tous croyaient acquis,
soulève une joie de vivre inespérée qui fut jadis
ensevelie sous la ferraille de la cassure du temps.
Les affranchis se dévêtent nerveusement de leur méfiance
et sortent des délimitations permises, redécouvrant le sens de la délivrance.
La distance réduite des proches éloignés
réchauffe les cœurs brisés des délaissés, principaux visés.
De leur besoin d’aimer, ils auront été privés pour les préserver.
Les réunions distantes humecteront les joues d’un bonheur retracé
et la proximité suffira à égayer les rescapés fraîchement délivrés.
De cette épreuve, la domination inégalée de l’humanité
aura été fortement et justement ébranlée, par un envahisseur
que la nature nous aura envoyé pour nous rappeler
que bien que nous ayons nous-mêmes pris place
sur le trône de la suprématie, notre rôle s’en tient toujours
à celui d’inviter et que d’un claquement de doigts,
elle peut nous évincer.
C’est dans la paix, la reconnaissance et dans notre
besoin de sociabiliser que notre conscience se caractérise.
Le secret de notre bonheur et de notre salut
réside en notre capacité à vivre en harmonie avec
le monde qui nous entoure et nos semblables.
Le paradis n’est nul autre que le partage de moments
agréables, entouré des gens qu’on chérit.
La gratitude qui s’en suit noue la boucle de l’appréciation,
menant, au quotidien, à l’éveil de l’âme, sensible aux
échos du chant de l’allégresse et de l’alternative
de vivre une vie saine et harmonieuse.
Un présent gouverné par l’épanouissement,
fondé sur le respect de la vie.
Écrit par Etienne Minier
mai 2020
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